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Chargé de maintenir le contact entre le sol et la roue tout en veillant au confort du pilote et du passager, le combiné ressort amortisseur joue un rôle prépondérant dans le comportement et les performances d'une moto. Penchons nous donc un peu sur lui, qui veille tant sur nous.

Parler d'amortisseur constitue un abus de langage. En effet, par ce mot, on désigne couramment le combiné ressort/amortisseur qui regroupe deux fonctions. D'une part la suspension, qui est confiée au ressort, d'autre part l'amortissement lui même, qui échoit fort naturellement à l'amortisseur en tant que tel.

En bon motard, nous allons donc parler des 2 sujets, puisqu'ils sont intimement liés.

La suspension

C'est donc le ressort qui vous suspend en l'air évitant ainsi que la moto ne s'affaisse sur ses butées. Le ressort est d'ordinaire métallique et hélicoïdal. Il doit bien y avoir dans l'histoire des motos équipées de suspensions par barres de torsion et autres ressorts à lames, couramment utilisés en automobile, mais ce sont des technologies marginales. Le ressort peut aussi être pneumatique.

Les ressorts métalliques sont en acier et très rarement en titane, comme ici, 40% plus léger, mais extrêmement cher !

Le ressort est souvent linéaire, c'est à dire de raideur constante. Cela signifie que du début à la fin de sa course, il offre la même résistance pour un même enfoncement. A chaque millimètre d'enfoncement supplémentaire, il réagira par une poussée opposée identique, de 8 kg par exemple. A l'opposé, un ressort progressif réagira de 7 kg/mm en début de course, pour finir à 8kg/mm en fin de course par exemple. Cela permet d'avoir une suspension souple quand on s'assied sur la moto, mais qui n'a pas trop tendance à talonner sur les efforts importants. Cette progressivité, peut aussi être obtenue par la démultiplication de la suspension elle même (système de basculeur/biellettes, lui aussi linéaire ou non).

Outre son extrême légèreté, le ressort pneumatique propose une progressivité naturelle fort intéressante. Plus on l'enfonce, plus il se durcit. On peut ainsi très facilement concilier un grand confort d'attaque, sans risque de talonnage excessif, puisqu'il durcit de façon importante en fin de course. Une qualité qui fait de lui le roi du grand tourisme et qui le rend aussi fort intéressant sur les motos disposant de faibles débattements de suspensions.

Mono ou 2 amortisseurs ?

Terminons les généralités en signalant que l'on peut avoir un ou 2 amortisseurs. Le mono-amortisseur, qui s'est généralisé au début des années 80 permettait au départ de disposer de technologies d'amortisseurs plus élaborées, issues de l'automobile. Grâce aux systèmes de basculeurs et biellettes, les ingénieurs ont eu plus de liberté architecturale dans le positionnement de la suspension arrière, comme ici sur la Ducati Panigale.

Le mono amortisseur permettait aussi de rapprocher le combiné du centre de la moto, pour un meilleur centrage des masses, sans perdre trop de course à l'amortisseur. En effet, l'amortissement agit selon une loi effort/vitesse. Moins l'amortisseur a de course, moins il va vite et moins on contrôle facilement les débattement de suspensions. Ainsi, les systèmes dits « à attaque directe », montés sur le bras oscillant, sans biellette, ou les cantilever, sont certes plus économiques que les systèmes à biellettes, mais beaucoup moins performants.

Enfin, grâce au mono amortisseur à biellettes, on peut introduire une progressivité entre le déplacement relatif de la roue et la course de l'amortisseur, pour avoir une suspension progressive. Mais ce n'est pas fondamental. En fait, si c'est intéressant pour le confort sur route, c'est à éviter sur piste, où l'on préfère une suspension qui n'est pas progressive.

L'amortissement : réduire l'amlitude d'un ensemble mécanique

Nous voici au cœur du sujet. Amortir signifie réduire l'amplitude des oscillations d'un ensemble mécanique. Sans amortissement, votre moto bondirait de bosse en bosse tel un cabri. Amortir consiste à freiner les mouvements. Si on l'a fait par des systèmes à friction dans un passé lointain, aujourd'hui on utilise le passage d'un fluide au travers d'orifices calibrés.

On pousse de l'huile dans un cylindre, le corps de l'amortisseur, en la forçant à passer dans des petits trous et/ou en soulevant des clapets plus ou moins durs.

Mais au delà de  ce principe de base, se posent de nombreux problèmes techniques qui ont amené les fabricants à développer des technologies de plus en plus sophistiquées. En effet, lors de l'enfoncement de l'amortisseur, le volume disponible dans le cylindre diminue à concurrence de la longueur et de la section de la tige qui y pénètre. De fait, l'amortisseur ne peut être rempli d'huile à 100% puisque celle-ci est incompressible. Il faut donc prévoir un volume d'air en compensation du volume de la tige. Et c'est ici que se fait déjà une partie de la différence entre un bon et un mauvais amortisseur. Dans le cas de base, l'air est présent directement dans le corps de l'amortisseur, mélangé à l'huile. Ce n'est pas l'idéal vous vous en doutez, car à force de chauffer et d'être brassé, on obtient une émulsion qui ne possède plus du tout les mêmes propriétés de viscosité quand elle passe dans les clapets. De fait à chaud, l'amortisseur à émulsion à tout de la pompe à vélo !

Une première solution consiste à séparer l'huile et l'air par un piston mobile. On parle alors d'amortisseur à Gaz. Les performances deviennent plus stables.

Le volume d'expansion peut aussi être contenu dans une enveloppe externe qui entoure l'amortisseur. On parle alors d'amortisseur Bitube. La technologie est courante (EMC, Koni, Bitubo, le bien nommé, Öhlins TTX, etc). On peut  aussi déporter le piston mobile en dehors du corps de l'amortisseur et le mettre dans une bonbonne séparée.

Si la bonbonne est fixée directement sur le corps de l'amortisseur, on parle d'un modèle « piggy back ». L'avantage d'une bonbonne sur un piston intégré, c'est que l'on peut profiter du passage d'huile dans un orifice calibré... pour disposer de réglages...

Les réglages

Commencer par la précharge

Le premier réglage concerne en général la raideur du ressort. Commençons par tordre le cou à une idée reçue : en augmentant la précharge, on ne durcit pas la suspension, on ne fait que rehausser la moto ! En effet, sauf ressort à pas variable, pour un même effort, la moto s'enfoncera toujours de la même valeur. La seule différence c'est que l'on part de plus haut. De fait en préchargeant le ressort pour faire du duo par exemple, on réduit effectivement le risque de talonnage, puisque le ressort sera proportionnellement plus tassé.  La suspension ne sera pas plus raide pour autant, puisque la raideur est une constante du ressort et qu'elle ne varie jamais.

Moralité, en préchargeant le ressort, vous ne faites que corriger l'assiette de la moto. Cela peut-être utile pour qu'elle rentre mieux en virage cependant.

Le réglage de base du ressort consiste à mesurer la course morte. Pour cela on mesure la hauteur de la moto suspensions entièrement détendues, puis on refait la même chose une fois la moto posée sur ses roues. La différence doit être d'environ 5 à 15 mm. Ensuite on refait la même chose en s'asseyant sur la moto et là elle devrait s'enfoncer de 25 à 35 mm environ en tout.

Une fois le bon ressort et la bonne précharge établie, on peut s'occuper de l'amortissement.

La détente et la compression

Le principe de base c'est de relever les réglages pour toujours pouvoir revenir en arrière si l'on fait fausse route. Pour cela, on visse à fond les molettes en comptant le nombre de clics ou de tours et on note la valeur.

Par ailleurs, l'avant et l'arrière interagissent donc il faut que les réglages soient homogènes. On procède toujours par petites touches  (2 clics par exemple), sans changer trop de paramètres à la fois pour ne pas se perdre. Si la moto semble instable, qu'elle se tasse sur les bosses à l'accélération, qu'elle rentre mal en virage, relâchez la détente (en bas sur l'amortisseur en général.) Au contraire, si elle est instable, rebondissante et mal tenue, il faut remettre de la détente.

Si par contre elle vous semble trop haute et manque de grip à l'accélération, qu'elle perd de l'adhérence sur les successions de bosses, relâchez l'amortissement en compression. Par contre, si elle vous semble trop souple, malgré un bon ressort, qu'elle s'enfonce trop,  qu'elle paraît instable, refermez un peu la compression.

A noter que sur un amortisseur pneumatique, type Fournalès, quand on augmente la pression, ce qui revient à changer de ressort, on durcit de façon simultanée l'amortissement qui reste de fait bien proportionnel à la « suspension ». une sorte d'autoréglage en somme. C'est tout simple !

Réglages : petite ou grande vitesse ?

De plus en plus sophistiquées, les motos modernes proposent souvent des réglages de suspensions différentiés en vitesses. Ici tout est affaire de compromis, mais quand vous en prenez plein les bras ou le postérieur en passant sur un ralentisseur, c'est plutôt la haute vitesse qui est concernée. Par contre si votre moto fait le cheval à bascule lors des phases d'accélération et de freinage, cette fois c'est plus sur les réglages à basse vitesse qu'il faudra agir.

Cela étant, n'oubliez pas d'y aller doucement avec le tournevis, dans un sens comme dans l'autre, pour ne pas vous y perdre.